Pour demeurer vivante, une langue doit être en mesure d’exprimer le monde moderne dans toute sa diversité et sa complexité.
Chaque année, dans notre monde désormais dominé par la technique, d'innombrables réalités nouvelles apparaissent, qu’il faut pouvoir comprendre et nommer.
En effet, les professionnels doivent pouvoir communiquer dans leur langue de façon précise, les traducteurs traduire correctement en français les textes techniques, les citoyens s’approprier ces réalités, souvent très complexes, dans leur langue.
Certes, le français est bien vivant et l’adaptation de son vocabulaire aux évolutions du monde contemporain se fait en grande partie directement, dans les laboratoires, les ateliers ou les bureaux d’étude.
Mais pour éviter que, dans certains domaines, les professionnels soient obligés de recourir massivement à l’utilisation de termes étrangers qui ne sont pas compréhensibles par tous, la création de termes français pour nommer les réalités d’aujourd’hui doit être encouragée et facilitée : la production terminologique en français est donc un impératif.
C’est pourquoi, depuis plus de cinquante ans, les pouvoirs publics incitent à la création, à la diffusion et à l’emploi de termes français nouveaux.
Le dispositif actuel, institué par le décret du 3 juillet 1996 (modifié le 25 mars 2015) a pour mission première de combler les lacunes de notre vocabulaire scientifique et technique en identifiant en particulier les nouveaux concepts qui apparaissent généralement sous des appellations étrangères, le plus souvent en anglo-américain, puis en créant en français les termes équivalents.
Coordonné par la délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), il comprend notamment une Commission d'enrichissement de la langue française, placée sous l'autorité du Premier Ministre, à laquelle sont étroitement associés des experts des domaines scientifiques et techniques, ainsi que des représentants de l'Administration, de l'Académie française, de l'Académie des sciences et d'organismes de normalisation (AFNOR), des correspondants d'institutions linguistiques de pays francophones et des universitaires spécialistes de la langue. Les experts de dix-neuf collèges implantés dans les différents ministères ont pour mission de proposer à la Commission d'enrichissement les termes nécessaires et de les accompagner de leur définition. Une fois validés par l’Académie française, les termes adoptés par la Commission d'enrichissement sont publiés au Journal officiel de la République française ; ils ne sont d’usage obligatoire que dans les administrations et les établissements de l'État mais ils peuvent servir de référence aux traducteurs et aux rédacteurs techniques, et plus généralement à tous ceux qui sont soucieux d’être compris du plus grand nombre.
Œuvrer de façon coordonnée à l’élaboration d’une terminologie sûre et cohérente, conforme aux règles de formation des mots en français, la mettre à la disposition des professionnels et rendre les nouvelles notions scientifiques et techniques accessibles au plus large public, tels sont les objectifs du dispositif d’enrichissement de la langue française.
Que la presse et les médias, que les traducteurs, en particulier dans les organisations internationales où le français est langue officielle et langue de travail, disposent des termes français nécessaires dans les domaines spécialisés, que l’enseignement des disciplines scientifiques puisse se faire en français, pour transmettre le savoir dans notre langue : l’enjeu est particulièrement important pour le maintien du français et pour son rayonnement.